Kétamine : Risque d'atteintes rénales, vésicales, endocriniennes et hépatiques graves lors d'utilisation prolongée ou à dose élevée

La kétamine (anesthésique dissociatif bloquant les Rc NMDA) est indiquée en anesthésie de courte durée ou en tant qu’inducteur ou potentialisateur d'autres anesthésiques. Son utilisation hors AMM est considérée comme « envisageable », selon les recommandations de l’ANSM de 2010, en situation palliative avancée dans les douleurs réfractaires mixtes ou lors de soins douloureux (1). Des travaux expérimentaux in vitro et chez l’animal, ont mis en évidence une toxicité directe de la kétamine (inflammation, apoptose, altération endothéliale,...). 

Lors d'utilisation prolongée ou répétée de kétamine, en particulier dans des indications hors AMM, ou en cas d'abus ou de mésusage, sont rapportés :

• Des atteintes rénales et vésicales, à type d’hématurie, de dysurie, d’insuffisance rénale aiguë, de cystite interstitielle (syndrome de la vessie douloureuse) et d’hydronéphrose, quelques fois irréversibles.
• Des hépatites, souvent cholestatiques (à type de cholangite) parfois sévères et pouvant nécessiter une transplantation hépatique. L'arrêt de la kétamine doit être envisagé en cas de perturbation du bilan hépatique.
• Des atteintes endocriniennes : augmentation de la cortisolémie ou de la prolactinémie. Un suivi biologique peut-être nécessaire.

Il est rappelé, en particulier en cas d’utilisation prolongée ou répétée en situation palliative avancée, de :

• Respecter la posologiepréconisée pour chaque indication,
• Surveiller le bilan hépatiquede façon rapprochée,
• Surveiller la cytologie urinaire et la fonction rénalede façon rapprochée, une hématurie constituant un symptôme d'appel pour le dépistage d'une atteinte du tractus urinaire ou d'un abus de kétamine.

Texte intégral - ANSM - Novembre 2018

(1) Douleurs rebelles en situation palliative avancée chez l’adulte - Recommandations de bonnes pratiques (14/06/2010), disponible sur ansm.sante.fr